Je rédige la newsletter un peu tout au long de la semaine, quand j’ai du temps: le texte non en italique qui suit est celui qui était “en brouillon” jeudi matin. Titre compris: clin d’œil du destin, on dira. J’ai décidé de conserver ce que j’avais déjà écrit, et d’y ajouter quelques mots que voici. Je crois qu’on est tous un peu sidéré·es ici de ce qui s’est passé: la vitesse à laquelle les eaux sont montées, la force de celles-ci, du jamais vu. J’ai la chance d’habiter en hauteur, et de n’avoir rien subi, mais toute la journée sur les réseaux sociaux, on a vu des gens appeler à l’aide, tout perdre, et le bilan humain qui s’alourdit… c’est indescriptible. J’ai des pensées toutes particulières pour les gens des restos, des brasseries qui avaient déjà pris cher ces derniers mois. Il m’arrive rarement de manquer de mots, là c’est le cas. Heureusement l’élan de solidarité, venu de partout est incroyable: je suis soufflée par le courage, l’inventivité, et les ressources des gens. On a beau savoir que les catastrophes dues aux changements climatiques nous pendent au nez depuis bien longtemps, on a beau être informé·es de ce qui se passe déjà ailleurs dans le monde, c’est inimaginable que ça se passe juste là. Je crois que depuis que je suis gamine, on parle de réchauffement climatique - on parlait de trous dans la couche d’ozone alors - et de la nécessité de moins polluer pour ne pas aggraver l’état de la planète. Peut-être que la “note à payer” des générations futures, elle est déjà là: j’aime pas trop la gueule de cette addition. Depuis deux ans maintenant, j’ai la nette impression de vivre dans un film catastrophe à gros budget: si quelqu’un connait le ou la scénariste, j’ai deux mots à lui dire. D’autant qu’en lieu et place de Bruce Willis en sauveur de l’humanité, on nous envoie le Prince Philippe à Chaudfontaine. Ok, il est doué pour le surf mais quand même! L’humour et l’humanité des gens nous sauveront, Liège et ses environs s’en remettront, même si ça prendra beaucoup de temps et d’énergie. L’âme liégeoise est valeureuse, même les deux pieds dans la boue, on continue à plaisanter, et à boire des Spritz en regardant l’Amazone1.
Pour apporter une aide logistique, matérielle, offrir un hébergement, des repas, des vêtements chauds, des jouets, des soins aux personnes ou aux animaux, des prés pour héberger les moutons, chevaux et autres, les groupes Solidarité Inondations Liège et environs, RTL Solidarité Inondations, Entraide Inondations Liège, Aide aux victimes des inondations de Belgique, Solidarité inondations, Entraide Inondations existent et permettent de faire le lien…
La ville de Liège a également mis en place un google form, pour centraliser les dons et offres et les répartir au mieux.
Pour trouver un lieu où déposer des dons, un outil créé ici par un bénévole les répertorie par code postal (il est possible d'en ajouter si manquants).
Enfin, il est possible de faire des dons de sous à la Croix rouge ou par SMS: un don unique de 1€ peut être fait par au 4330 avec la mention "Solidarity".
Dimanche brassin
Dimanche dernier, on a brassé: et c’est toujours une expérience incroyable. Je crois que passer de “l’autre côté” pour une fois, c’est à la fois excitant et vertigineux. Parce que je comprends l’angoisse du jugement sur ce que tu as produit, parce que je ressens jusqu’au fond des tripes l’envie de défendre “ma” bière, parce que c’est jouissif d’imaginer, de conceptualiser et puis de voir naître. Un peu comme un enfant mais en plus rapide et moins douloureux. Faire la première Super Wombat était génial: je peux néanmoins avouer que si j’ai kiffé la créa d’étiquette, le marketing et le brassage proprement dit, j’ai redouté vraiment le reste. Le retour des buveur·ses. Heureusement, quasi tous les commentaires ont été super positifs : je ne sais pas comment j’aurais géré autrement. Humilité, tsé.
Comment on en arrive à faire de la bière?
Pour nous, c’est un peu de hasard, beaucoup de curiosité et un soupçon de confinement qui nous a bien tapé sur les nerfs mais surtout fait poser des questions. Près de 20 ans à bosser dans le vin, plus de 11 ans à la cave pour moi: sans dire que j’ai fait le tour, il est vrai que je suis moins surprise et que mon rythme d’apprentissage de nouvelles choses a fortement décéléré. Or, j’ai besoin, un besoin quasi physique d’apprendre: se plonger dans la bière m’a offert ça. Alors je lis, j’écoute, je ferme ma gueule - j’y arrive, parfois mais pas très longtemps - et j’assimile. Les types de houblons, de levures, de malt, les différentes techniques, les styles de bières, y a tant à savoir et à goûter. Après, il y a des expériences dont on se serait passé: la bière façon pina colada ne m’a pas laissé un souvenir impérissable, par exemple. Mais c’est assez passionnant de “construire son goût” au fur et à mesure. Parce que oui, je peux bien l’avouer: jusqu’il y a deux-trois ans, je ne buvais que très peu de bières, j’y trouvais assez peu de plaisir, hormis dans les gueuzes. Comme quoi, y a que les imbéciles qui…
Super Wombat II, le making of
Qui dit bière d’automne dit bière un peu plus forte et riche: on s’est dit que partir sur un style triple serait chouette mais sans le côté sucraillon qu’on n’apprécie pas trop, et relevée de quelques épices pour donner un petit pimp sympathique. Alors on a écumé les sites, cherché les meilleurs houblons, les malts les plus adéquats, pris conseil, adapté les températures et les paliers, calculé le grammage d’épices. Faire une bière, c’est un peu plus que de la cuisine: technique, hygiène, et puis surtout comprendre comment ça marche, histoire de pouvoir réagir en cas de pépin. “Recette” prête, il n'y avait plus qu'à se retrousser les manches : on a bien été aidé.es par une Super Gégé, très en forme. Si le process de fabrication complet vous intéresse, j'en ai fait un petit thread.
Le lendemain, les levures étaient déjà au taquet. Reste encore un peu de boulot et surtout beaucoup de patience, mais on se tient au jus? (de houblon, je suis trop drôle). Cette fois on a vu grand (mdr): on a fait un double-brassin: c’est à dire qu’on aura un peu plus de 500 litres, à embouteiller en 33 cl: faites vos calculs. 2
Les drèches, ça se mange !
Hé oui, on peut récupérer un peu des drèches, et les faire sécher au four. Mélangées à moitié moitié avec de la farine, on pourra en faire des crackers (150 grammes de drèches, 200 g de farine, du sel et des épices diverses, mélangés avec un peu d’eau pour obtenir une pate pas trop collante. Etalée finement sur une plaque et détaillée en carrés, on fait cuire les crackers environ 20 minutes à 180°: les parmesan - basilic étaient une tuerie). Il parait qu’on peut aussi faire des cookies, du pain mais je n’ai pas encore essayé: il faut dire que mes tentatives de faire du pain pendant le confinement m’ont prouvé que je n’avais pas l’âme d’une boulangère.
Le cocktail de la semaine
Le negroni, c’est l’histoire d’une biture, ou presque. La légende veut que le comte Négroni aie incité, un soir de déprime florentine, le barman à corser son americano (amaro, vermouth, eau gazeuse) en remplaçant l’eau gazeuse par … du gin. Et bim, génie.
La recette est on ne peut plus simple: un tiers de chaque ingrédient à savoir gin, vermouth et amaro, on mélange bien et on sert avec beaucoup de glace et un zeste d’orange. Dans beaucoup de recettes, on recommande le campari comme amaro: je lui préfère le select, moins sucré. En ce qui concerne le vermouth, j’aime beaucoup le Dolin. Pour le gin, selon le résultat escompté, je vous conseille de prendre du Beefeater (épicé) ou du Nordès (plus d’agrumes). Et voilà !
Il s’agit d’un de mes cocktails préférés, et comme tous les excellents cocktails il ne nécessite que très peu d’ingrédients - mais on ne lésine pas sur la qualité - et un peu de doigté (quelle presque transition habile pour le sujet suivant).
La série de la semaine
A ne pas regarder: qu’est-ce que c’est que cette arnaque de Sex/ Life sur Netflix là? remboursez nos invitations. Le pitch? Une femme mariée (très beau mari, très gentil, très riche) deux enfants (3 ans et quelques mois) s’ennuie et fantasme sur son Ex, coup d’enfer mais irresponsable, dangereux et en grosse crise filiale, en somme THE bad boy. Y a rien qui va, d’abord, crédibilité et identification zéro des personnages: iels vivent dans des apparts / maisons de 1500 M2, la meuf vient d’accoucher et doit encore être en plein post partum mais a une mine de gamine et une ceinture abdominale en béton armé, le “gentil mari” rentre de son boulot de banquier et tond la pelouse - qui n’a pas besoin d’être tondue - en costard. And le mieux de tout: la nana fantasme sur son Ex en racontant tous les détails dans un “journal intime”, en fait son macbook qu’elle laisse trainer un peu partout, sans mot de passe de verrouillage. Qu’est-ce qui pourrait mal se passer? C’est cliché à crever: même les “scènes de sexe incroyables” se résument à des cunnis, du doigtage, des cunnis, du doigtage, hop quelques pénétrations face à face, des cunnis. Le pompon? Le gentil mari suit le bad boy - dans l’espoir de comprendre pourquoi sa femme fantasme autant - jusqu’à la salle de sport et dans la douche, il découvre que le bad boy a un énorme braquemard. Mais allô cliché, les scénaristes qu’est ce que quoi? Rarement une série m’aura autant énervée: je pratique assez peu le hate-watching, mais là je me suis enquillé tous les épisodes pour voir si ça pouvait être pire au suivant. Ca pouvait.
Regardez plutôt Feel Good de Mae Martin, ça cause non binarité, amour, et sexe avec subtilité et humour.
Ce sera tout pour cette semaine, à bien vite sur les réseaux, par mail à vinclusif@gmail.com ou ici. Bye, prenez soin de vous.
Rendons à Nicolas son bon mot: les potes Sophie et Nicolas, du restaurant du même nom venaient de faire des travaux, dont la cuisine. Les images sont un crève-cœur.
La brasserie où l’on a fait la Super Wombat située à Verviers a subi des dégâts, heureusement pas trop graves. Et c’est la double peine puisque Sébastien a aussi été inondé chez lui. Pour le moment, je ne sais pas trop si les cuves en fermentation ont tenu le coup, si la Wombat est encore en état ou non. Plus de courant électrique, plus de refroidissement de cuves… Wait and see. Ceci dit, c’est assez accessoire: l’essentiel étant qu’il n’y ait là que des dégats matériels, et pas de blessés ou pire.